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1940. Kurt Schwitters en Angleterre, aboyant.

     

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Kurt Schwitters

Bois peint, acier, résines, émail, verre et avion philippin.
H.157, L.163, P.38 cm (1996).

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

 

Kurt Schwitters
(Construction Mertz), 1921
assemblage
36,7 x 21,5 cm

Philadelphia Museum of Art
(Collection A.E.Gallatin)


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Kurt Schwitters par Man Ray
Man Ray (voir sculpture 54) a photographié Kurt Schwitters travaillant son Ursonate.
On peut entendre le scherzo enregistré par l'auteur le 5 
mai 1932 pour la Süddeutschen Rundfunk.

On peut aussi voir le spectre de sa voix lorsqu'il récite le début de son scherzo.

 

 

 

Pour présenter Kurt Schwitters, un des grands esprits du siècle, né à Hanovre en 1887 et mort en Angleterre, très pauvre, en 1948, il vaut mieux emprunter trois citations au texte qu'Harald Szeemann lui a consacré dans le catalogue de l'exposition du centre Pompidou en 1994.
De Kurt Schwitters : "Un jeu avec des problèmes sérieux. C'est cela l'art".
"Nous jouons jusqu'à ce que la mort vienne nous chercher".
De Hans Richter : "Et c'est ainsi qu'il colla, cloua, écrivit des poésies, typographia, vendit, imprima, composa, fit des collages, déclama, siffla, aboya et aima, en hurlant, sans égard pour personne, le public, une technique quelconque, l'art établi et lui-même. Il fit tout et, le plus souvent, tout en même temps. Son idée directrice fut moins l'œuvre d'art totale dans le sens de Ball ou de Kandinsky, la combinaison temporelle de tous les arts, que de brouiller sans cesse les limites et d'intégrer les arts les uns aux autres, y compris la machine dans l'art, en tant qu' "abstraction de l'esprit humain", le kitsch, les pieds de chaise, le chant et le chuchotement.
En réalité, IL fut l'œuvre d'art totale : Kurt Schwitters.
"

Personnalité la plus forte de DADA, il créa le mouvement MERZ. Une de ses œuvres les plus remarquables fut sa seule présence, en 1933, à un dîner offert par l'Union de la Presse Allemande au futuriste Marinetti. Toujours dans le catalogue du Centre Pompidou nous avons une extraordinaire relation de ce banquet par Lucia Moholy-Nagy qui y assista en compagnie de son mari et de Schwitters. Il y avait là Hitler*, grand admirateur de Mussolini, Göring, Hess**, Goebbels, Gerhart Hauptmann et Robert Ley, patron de l'organisation nazie "Kraft durch Freude" (la Force par la Joie) — qui se suicida lors du procès de Nuremberg. Voisin de Schwitters, il dut écouter, stupéfait, son beau délire. On peut regretter qu'il n'existe ni enregistrement ni images de la fin du banquet, lorsque Marinetti hurlant son poème "Der Überfall auf Andrianopel" tire la nappe et renverse vin et vaisselle sale sur les genoux d'Hitler.
Kurt Schwitters s'exile bientôt en Norvège puis, à l'arrivée des Allemands, s'enfuit en Angleterre où il arrive le 19 juin 1940. Il est interné au camp Hutchinson, dans l'île de Man, en compagnie de deux mille ressortissants Allemands, pour la plupart intellectuels antinazis. Le camp devient, d'après l'écrivain Fred Uhlman, l'une des meilleures universités d'Europe. Il rapporte, dans son livre "Il fait beau à Paris aujourd'hui" que Schwitters s'était construit une niche à chien juste assez grande pour contenir son sommeil et que de temps en temps il en sortait pour aboyer avec un timbre de basset allemand. Il poursuivait son activité d'artiste en clouant du bois ou en peignant sur linoleum. Il exécutait aussi des sculptures en porridge à l'odeur écœurante.
On le voit ici aboyant hors de sa niche survolée par un avion allemand qui vient de bombarder Liverpool.

*voir sculpture 33
**voir sculpture 63


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