D'origine tzigane — nièce de Django Reinhardt —, Madame Clemencia se tourna très jeune vers la chiromancie, où elle acquit rapidement une renommée grâce à sa science et sa beauté. Mais elle en découvrit très vite les faiblesses, qu'elle dénonça, au grand dam de la corporation. Rétive à la chiromancie traditionnelle, elle construisit une technique de persuasion qui fit merveille. Elle put ainsi atteindre et soigner des psychopathologies profondes. Aidée de Jacques Lacan, qui la prit en affection, elle inventa et développa une méthode qui fit d'abord rire le milieu médical : la chiropsychanalyse. Il ne tarda pas à rire jaune quand il s'aperçut que cette nouvelle thérapie obtenait des résultats spectaculaires. Sous la pression des médecins, le Vatican s'inquiéta et le fit savoir.
Ne voulant pas s'en tenir à l'homme et persuadée que sa méthode pouvait s'appliquer aux primates, voire aux palmipèdes, Madame Clemencia se mit, vers 1980, à étudier Denyse, une guenon de 4 ans, pensionnaire du laboratoire d'anthropologie physique de l'Université Johns Hopkins à Baltimore.
Vous voyez ici traduit dans un style impeccable le premier constat d'une grande inspirée. C'est sans conteste un document exceptionnel pour l'histoire de la science, et le témoignage d'une avancée décisive dans la connaissance d'un domaine si mal expliqué jusqu'alors : cette similitude des divers hominiens qui a toujours humilié et inquiété l'homme : ses sentiments sont ceux du singe. Nous sommes ici dans le droit fil des recherches de Charcot, évoquées dans la sculpture 68, Machine à espionner les porcs.
Dix-huit ans après, le diagnostic s'est avéré et Denyse a tenu ses promesses, pilotée avec beaucoup de tact par notre chiropsychanaliste. Mariée à un chercheur de l'Institut pour la Sophistication des Primates (ISP), dépendant de l'Université de Marne-la-Vallée, Denyse a deux enfants, Frédéric et Eléonore.
Sans le moindre diplôme, Madame Clemencia n'en devint pas moins professeur de médecine et docteur "honoris causa" d'une vingtaine de prestigieuses universités. Cette célébrité scientifique ne change rien à la fidélité qu'elle porte à sa famille, les gens du voyage. Car elle partage son existence entre son enseignement universitaire et des tournées en province et à l'étranger, toujours hébergée par des cirques.
La sculpture présentée ici a été commandée à un spécialiste de matériel forain. Elle accompagne partout Madame Clemencia et nous rappelle son plus grand succès, Denyse.

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