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6 décembre 1812. -30°. Il ne passera plus la Bérézina.
Ecole Nationale des Ponts et Chaussées. Paris.

     

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la Bérézina

Bois peint, chêne, roulettes Empire, résines, carte de Minard, pyrex et Napoléon peint par Maureen Girond de Saint Waast.
H.152, L.160, P.51 cm (1998).

Collection Laurent Max, Paris.

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

E.J. Marey
La méthode graphique
Paris (1885)

Arthur H. Robinson
The Thematic Maps of Charles-Joseph Minard
Imago Mundi, 21 (1967)

Edward R. Tufte
The Visual Display of Quantitative Information
Graphics Press. Cheshire, Connecticut

 

 

 

Avant toute chose, il serait bon de regarder la carte de Minard évoquant les pertes en hommes de la Grande Armée pendant la campagne de Russie.
En novembre 1812 la Grande Armée, en retraite depuis Moscou poursuivie par Koutousov, n'est plus qu'une vague cohorte qui se traîne, balayée d'une neige glacée qui aveugle, et harcelée par les cosaques. Il ne sont plus que cinquante mille pauvres hères couverts d'oripeaux, soldats, traînards, femmes et enfants mêlés à ce qu'il reste d'équipages, de canons, et de chevaux qui n'ont pas encore été mangés.
Le 24 novembre Napoléon (voir sculptures 57 et 67), cerné par trois armées ennemies, est acculé à la Bérézina non encore gelée — 95 mètres de large, eau noire et rapide. Il choisit le gué de Studenka, feinte les Russes en leur faisant croire à un autre choix, et convoque le général Éblé — à qui cette sculpture est dédiée — pour lui confier la construction des ponts qui lui permettront d'échapper à l'anéantissement total. Pendant deux jours 400 pontonniers travaillent plongés jusqu'au cou dans le fleuve, parmi les blocs de glace charriés à toute allure qui s'entrechoquent. Ils réussissent, au prix de souffrances inouïes, à établir deux ponts de cent mètres de long, l'un pour les hommes, l'autre pour l'artillerie et les équipages, grâce aux charpentes arrachées aux maisons du village. Tous les pontonniers, ainsi que leur général, périront.
Dans l'après-midi du 26 les ponts sont ouverts. L'illustre traversée de la Bérézina commence et durera trois jours. Le 28 la troupe encore organisée doit se frayer un passage sanglant pour parvenir aux ponts, dont les accès sont encombrés d'une foule de plusieurs milliers de malheureux, fous d'angoisse et de déréliction.
C'est le 9è Corps du maréchal Victor qui ferme la marche, et tout est terminé le 29 novembre à 1 heure du matin. Il reste encore cinq mille personnes sur la rive gauche, sous la neige, trop hébétées pour bouger, malgré les injonctions de Victor. À 8 heures 30, Éblé fait mettre le feu aux ponts.
Nous voici maintenant le 6 décembre 1812, par 30° au-dessous de zéro. Vous voyez ici le voltigeur Faure, du 37è de ligne, totalement surgelé. Il sert de perchoir aux corbeaux.
Appartenant à l'arrière-garde du 9è Corps, il a les reins brisés par un biscaïen russe vers 11 heures du soir le 28 novembre. Il se traîne sur un reste de pont pour y mourir. Sa mère, à Sainte-Foy-la-Grande, l'attendait encore en 1850.
Le 3 décembre, Napoléon dicte le "29è Bulletin de la Grande Armée". En voici les dernières lignes :
"Notre cavalerie était tellement démontée que l'on a dû réunir les officiers auxquels il restait un cheval pour en former 4 compagnies de 150 hommes chacune. Les généraux y faisaient fonction de capitaines, et les colonels celle de sous-officiers. Cet Escadron Sacré, commandé par le général Grouchy, et sous les ordres du roi de Naples, ne perdait pas de vue l'Empereur dans tous les mouvements.
La santé de Sa Majesté n'a jamais été meilleure."


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