JEAN-LOUIS FAURE
SCULPTEUR
Une représentation graphique révolutionnaire, sorte de carte dont la lecture, presque littéraire, mêlant l'histoire et la géographie à la perception émotionnelle d'un drame, surplombe, encadrée, la sculpture. C'est en la découvrant que l'auteur a décidé d'évoquer un moment de la retraite de Russie de 1812 qui s'est toujours mélangée, pour l'enfant de 1943, à la retraite allemande. Pour le Professeur Valleron, biomathématicien et épidémiologiste, cette carte de Charles-Joseph Minard (1781-1870) demeure - dans son extrême concision - le chef d'uvre absolu de la représentation visuelle d'un événement avec perception immédiate du temps et de l'espace. Voici, saisies d'un coup d'il ce qu'aucun historien n'avait pu rendre les pertes dévastatrices de la Grande Armée au fil de la campagne. Commençant à gauche, à la frontière polono-russe, sur le Niemen, la largeur de la bande grise indique (1 mm pour 10 000 hommes) une armée de 422 000 hommes lorsqu'elle envahit la Russie. Progressant vers la droite elle s'amincit pour atteindre, à Moscou, une épaisseur représentant 100 000 hommes. La route de la retraite est indiquée par la bande noire jointe à une échelle de températures datées. Le graphique raconte mieux qu'aucun mémorialiste le désastre que fut la traversée de la Bérézina. L'armée se retrouva en Pologne réduite à 10 000 hommes. |