Cette sculpture représente une tentative très rare dans la statuaire, et vouée à l'échec dans la plupart des cas. Elle consiste à vouloir courir deux lièvres à la fois. En effet l'auteur prétend ici peindre dans la même œuvre un fait historique (l'assassinat de Trotsky) et, saisie d'un même coup d'œil, la vague évocation d'un homme complexe (le maître-espion Kim Philby). Un seul point commun : le KGB de Staline, mais à deux époques différentes et dans deux départements distincts, l'action et le renseignement.
La base de la sculpture est donc occupée par un des plus illustres meurtres de l'histoire, avec peut-être l'assassinat de Jules César et celui de John Fitzgerald Kennedy. Nous sommes le 20 août 1940. Staline, en uniforme de maréchal, dans le sang jusqu'à la ceinture, vient d'enfoncer de sept centimètres le célèbre piolet dans le crâne de Léon Trotsky*. La tête surnage, déjà enturbannée de blanc, et l'on devine la terrible plaie sous l'épingle à nourrice.
Puis nous passons à l'étage au-dessus. Une imposante et rose personne aux seins offerts virevolte, pivotant sur la casquette de Staline. Dépourvue de jambes elle a les reins incroyablement creusés, ce qui permet à sa croupe majestueuse de soutenir quatre litres et demi de "Johnny Walker Black Label", la marque préférée de ce grand amateur de Kim Philby. C'est à lui qu'est dédiée la sculpture, si l'on en croit la plaque de cuivre brandie par un curieux appendice gris émergeant de l'épaule de Staline.

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