Machine à écrire, bois peint, laiton
et soupapes.
H.35, L.31, P.34 cm (1994).
Fairey Swordfish Mk.II (1939)
Moteur : Bristol Pegasus 750 cv. - Envergure : 13,87 m.
- Longueur : 18,87 m. - Hauteur : 3,76 m. - Poids
à vide : 2 132 kgs. - Poids en charge : 3 407 kgs.
- Vitesse : 222 km/h - Autonomie : 879 kms. - Plafond :
5 865 m. - Equipage : 2-3 hommes - Armement :
2 mitrailleuses, 1 torpille de 700 kgs.

Fairey "Swordfish" décollant d'un porte-avions.

Bismarck
Déplacement : 41 000 tonnes - Longueur : 245 m.
- Armement : 8x380 mm., 12x150 mm., 16x105 mm., 12x20 mm
- Blindage maximum : flancs 320 mm., pont 120 mm.,
tourelles 360 mm. - Vitesse maximum : 29 nuds.

24 mai. Après avoir été touché
par le Prince of Wales, le Bismarck pique du nez. Prise du Prinz Eugen,
c'est la dernière photographie du cuirassé allemand.
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Au début de 1941 le Grand-Amiral Raeder persuade Hitler que le
moment est venu de lancer de grands bâtiments de surface dans l'Atlantique
Nord, pour assister les sous-marins dans la destruction des convois alliés,
poumons de l'Angleterre. Ce sera l'opération "Rheinübung".
Le très redouté cuirassé Bismarck, lancé
en 1939 le jour de la Saint Valentin, portant la marque de l'amiral Lütjens,
accompagné du croiseur lourd Prinz Eugen quitte le port
de Gdynia, dans la Baltique, pour se diriger vers la Norvège puis,
passant derrière l'Islande, virer au sud pour déboucher
en plein Atlantique. Nous sommes le 18 mai, 21h30. Le 21, leur passage
est signalé à l'amiral Tovey, commandant la Home Fleet,
sur le King George V, à Scapa
Flow. Le Hood (fierté de l'Angleterre. 41 200 tonnes.
Vice-amiral Holland) sort aussitôt avec le flambant neuf Prince
of Wales. Le 23 mai l'escadre allemande est signalée par le
Norfolk et le Suffolk entre le Groenland et l'Islande, cinglant
vers le sud. Holland se porte alors à la rencontre de Lütjens
et la bataille commence à l'aube du 24. Seize kilomètres
séparent les adversaires. À la cinquième salve des
380 du Bismarck le Hood explose et disparaît de la
surface de la mer. Sur un équipage de 1 419 hommes on ne repêche
qu'un midship et deux matelots. Le Prince of Wales est maintenant
seul. Deux de ses obus atteignent le réservoir de mazout du Bismarck,
qui perd ainsi mille tonnes de carburant. Un obus allemand tue ou blesse
toute la passerelle du bateau anglais, sauf le commandant Leach, qui disparaîtra
sept mois plus tard avec le Prince of Wales, coulé par l'aviation
japonaise. L'amiral Tovey ordonne à Leach de se retirer, tandis
que l'amiral Lütjens ordonne au Prinz Eugen de rallier Brest.
Le Bismarck se dirige vers Saint-Nazaire, où il pourra se
faire réparer. Tard dans la nuit du 24 les avions-torpilleurs Swordfish
(biplans de toile qui, vent debout, ne vont pas plus vite qu'un cheval
au galop) décollent du porte-avions Victorious pour attaquer
le bateau allemand, sans grand résultat. Puis il disparaît,
à l'inquiétude anglaise, pendant trente heures. Il est enfin
repéré dans la journée du 26 par un hydravion Catalina
du Coastal Command. Si l'on ne peut le ralentir, il se trouvera bientôt
sous la protection de l'aviation allemande basée en Bretagne. Dans
un effort désespéré le porte-avions Ark Royal
lance 15 Swordfish. Une torpille atteint le gouvernail du Bismarck
qui se met à naviguer en rond et en tous sens. Les destroyers anglais
l'attaquent toute la nuit puis, au matin, c'est l'hallali. Le Rodney
et le King George V, aidés du
Norfolk et du Dorsetshire le démolissent à
bout portant. Il est achevé à la torpille et coule le 27
mai à 10h36, emportant avec lui le portrait de Bismarck par Menzel
et l'amiral Lütjens. On repêche 115 survivants sur un équipage
de 2 200 hommes. Le Bismarck a reçu ce jour-là
2 876 obus de tous calibres. L'opération "Rheinübung"
aura duré huit jours. Le Prinz Eugen finira à Bikini.
Le 6 juin 1989, une expédition repère le Bismarck
par 4 760 mètres de fond. Le 9, parmi les nombreuses photographies
de l'épave on remarque une machine à écrire près
de ce qui reste de la grande croix gammée peinte sur le pont avant.
C'est le seul objet qui sera remonté.
Il s'agit d'une Remington à clavier français, en piteux
état après 48 ans dans les profondeurs. Nettoyée
par le laboratoire de l'EDF, elle a été identifiée
par la fille de l'amiral Lütjens comme ayant appartenu à son
père. L'amiral, originaire du Schleswig-Holstein, parlait et écrivait
parfaitement le français, sa mère étant bordelaise.
On a retrouvé chez l'écrivain Georges Blond, qui connaissait
l'amiral, des lettres tapées sur cette machine.
Derrière la plaque de cuivre qui présente cette pièce
historique on peut découvrir une
lettre étonnante, sur du papier au chiffre du Ritz de Londres,
et dont on ne sait que penser. En voici le texte :
MISE AU POINT
Cette machine Remington (soit-disant identifiée par la fille de l'Amiral
Lütjens) m'a servi en 1953 à écrire mon livre "La Vie
sexuelle de Robinson Crusoë".
Je l'avais prêtée en 1984 à Jean-Louis Faure. Il voulait
à l'époque écrire une biographie de Ray Ventura. Je
n'ai plus jamais entendu parler de lui.
Je retrouve, dix ans après, ma machine utilisée de manière
bizarre, sans mon autorisation.
Fait à Londres le 6 juin 1994.
Michel Gall
écrivain
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