Bois peint, lame de sabre modèle 1822, verre,
décapsuleur japonais, émail, christ XVIIIe, mâche-bouchons
renaissance et porte-savon 1909.
H.72, L.128, P.53 cm (1993).
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L'Allemagne de 1914 n'avait militairement rien à prouver ayant
montré quarante ans auparavant, dans ce domaine hautement sensible
pour les foules, sa supériorité sur la France. Celle-ci,
antidreyfusarde, écrabouilleuse de nègres et revancharde
ne songeait qu'à laver la raclée et à reprendre l'Alsace
et la Lorraine symbolisées alors par le dessinateur alsacien Hansi,
petit germanophobe aux tirages considérables dont on
ne dira jamais assez l'influence sur la France bourgeoise d'avant quatorze,
celle des lecteurs de l'Illustration, celle qui préféra
vingt-cinq ans plus tard Hitler à Léon Blum.
On voit donc deux nations au même niveau de haute civilisation même
si la France doit attendre encore trente ans la sécurité
sociale inventée par Bismarck , chauffées à
blanc par une propagande nationaliste absurde qui touchait même
leurs élites, se jeter l'une contre l'autre dans une pulsion autodestructrice
à caractère éjaculatoire. À nous les glandes
! Les plus intelligents, civils ou militaires, deviennent des enfants
idiots qui ont les moyens d'entretenir la folie générale.
On décore à tour de bras. On fête les veuves et on
honore les orphelins de France et d'Allemagne. Jean Giono rescapé
des carnages de Verdun sait, en écrivant ce qui deviendra
le titre de cette sculpture, de quoi il parle. Il veut dire que beaucoup
d'hommes qui avaient été incapables, faute de courage et
de caractère de s'imposer dans la paix ou inadaptables
à une vie trop conforme étaient transformés
en héros par la guerre. Ce qui ne veut pas dire que l'héroïsme
soit l'apanage des seuls dépourvus de virilité : Napoléon
ou Charles de Gaulle n'avaient pas peur du feu.
Giono, pour la guerre de quatorze, avait raison. Malheureusement 1939
le trouvera pacifiste. Il n'avait pas compris qu'Hitler n'avait rien à
voir avec Guillaume II, aimable potentat à la moustache en crocs
à qui les franco-russes colonialistes Delcassé et Poincaré
étaient bien incapables de donner des leçons de démocratie.
Cette sculpture montre un combattant déchaîné brandissant
un symbole (Gott mit uns !) et chargeant l'ennemi dans un suicide
remarqué. On voit ici une photographie de travail. Il manque encore
sur le socle un dragon-crocodile stupéfait de voir passer ce dément
(qui porte sur les reins une petite plaque d'émail blanc annonçant
POSITION CHARGE), ainsi qu'un interrupteur à la fonction
inconnue.
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