Merisier, acier, cuivre et bronze.
H.60, L.152, P.49 cm (1983).
Clémence
de Biéville
Trente-six sculptures de Jean-Louis Faure
Editions joca seria.
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Réduction d'un ouvrage à la fonction mal définie
exécutée en 1777 à l'École d'Artillerie de
Valence sur les plans du capitaine Choderlos de Laclos, l'inventeur du
boulet creux qui deviendra l'obus.
L'auteur a consulté des historiens de l'artillerie et des fortifications
qui ont tous été incapables de lui expliquer cet étrange
modèle. On ne comprend pas l'utilité de la déclivité
qui, partant de la casemate, conduit le canon sur deux rails de cuivre
vers un cul-de-sac, bouche contre le mur. Certains esprits curieux pensent
que cet élégant petit meuble préfigure, cinq ans
avant, la descente inéluctable vers les enfers de Madame de Merteuil,
délicate héroïne du roman de Laclos qui fit quelque
bruit avant la Révolution. Beaucoup de guillotinés l'avaient
lu.
Émile Zola, qui collectionnait tout ce qui se rapportait à
Choderlos de Laclos avait acheté dans sa jeunesse cette maquette
d'ouvrage à Prosper Mérimée, qui la tenait de Stendhal.
On sait que Stendhal qui disait avoir connu dans son enfance grenobloise
le modèle de Madame de Merteuil elle lui donnait des
noix confites avait rencontré vers 1801 dans la loge
de l'état-major à la Scala le général d'artillerie
Laclos, tout attendri par ce jeune officier (qui lui faisait l'éloge
des Liaisons dangereuses) en apprenant qu'il était de Grenoble.
Stendhal a dû voir et admirer, à Milan, le petit meuble qui
avait accompagné Laclos dans toutes ses garnisons et ses campagnes,
depuis l'École d'Artillerie de Valence. Le général
s'est souvenu du sous-lieutenant Beyle en dictant son testament au capitaine
Lespagnol, son secrétaire, peu avant de mourir au siège
de Tarente, en 1803.
Émile Zola, un siècle plus tard, sortait de l'Affaire Dreyfus
(voir sculptures 23
et 80)
mal vu des militaires et a tenu à montrer son patriotisme en léguant
le modèle de fortification au Musée des Invalides.
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