Painted wood, chinese hard hat, bamboo,
brass, prismatic binoculars, resins, leather, steel,
lead, seeds, various casters, Chinese tee
and acupuncturist ears.
H.143, W.160, D.52 (2001).
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Le 30 mars 1983, le père Jeanpierre, missionnaire en Chine, tente
de rejoindre à pied Ejin Qi, venant de Alashanyouqi, en plein
désert de Gobi. Très affaibli, n'ayant plus une goutte d'eau
à boire depuis la veille, il se traîne de dune en dune, sûr
de sa fin prochaine.
Il rêve, curieusement, de thé très chaud coulant entre
langue et palais, en longues gorgées délicieuses. Car il
a dans son sac une brique de thé, sorte de calotte hémisphérique
dans du papier d'emballage couvert de caractères rouges et verts.
Elle lui fut donnée dix jours plus tôt dans des circonstances
curieuses par une Thibétaine au regard dur, sur le marché
de Long Yang Xia, où 20 000 personnes construisent un barrage
hydroélectrique. Daniel Jeanpierre y rencontre un ingénieur
français qui l'oblige à accepter son casque de chantier
en guise de casque colonial pour affronter l'étape
suivante : le désert de Gobi.
Le combat était perdu d'avance car voici maintenant la stupéfiante
langue, longue et tuméfiée, expulsée
et rentrée à chaque halètement. Bientôt
le père va s'effondrer pour ne plus se relever, la bouche pleine
de sable, indifférent aux grands vautours qui planent en rond,
de plus en plus bas, et qui attendent. Leur intention, qu'ils ne cachent
pas, est de déchiqueter bientôt le missionnaire, déjà
tombé à genoux. C'est à ce moment précis qu'il
a cette vision honteusement profane qui fit tant rire, quand il la leur
raconta, ses collègues de la rue du Bac. Il apparut, dans le direction
de Ejin Qi, énorme et précise comme vu
au travers de jumelles une bouteille de bière, un prodigieux
ectoplasme. En un instant, le père est debout, comme désaltéré.
Il rengaine sa langue et repart d'un bon pas, dans une douce ébriété.
Le soir même il est à Ejin Qi, frais comme un gardon,
et hilare. Ce fut pareil le lendemain. Et les jours suivants. Il comprit
alors que cette légère ivresse ne devait plus le lâcher.
Sa foi devint charmante et ses actions évangélique de plus
en plus improbables. Il y eut des plaintes, et ses supérieurs qui
l'appréciaient pourtant infiniment se virent contraints
de le rappeler en France.
Paisible défroqué, il vit maintenant à Colmar et
réalise d'ingénieux objets pour se distraire.
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