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Gisant vertical.
MoMA

     

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Gisant vertical
Bois peint et résines.
H.207, L.61, P.40 cm (2004).
 

Cette très remarquable et très émouvante sculpture est le seul autoportrait connu de Jean-Louis Faure.
Très frappé de la citation de Paul Valéry qui figure, encadrée, sur sa poitrine, l'auteur a décidé dans les années quatre-vingts de se représenter en trépassé pour illustrer la pensée du maître, que nous rappelons au passage :

La postérité c'est des cons comme nous autres, et pire...

Il s'agit du seul gisant vertical de l'histoire de l'art. Violemment attaqué par la critique la plus conservatrice, ainsi que par des confrères gardiens de l'orthodoxie stricte dans la statuaire - les uns et les autres ayant une haute idée de la postérité - il est trés vraisemblable que cette sculpture ait empêché à tout jamais son auteur d'accéder à l'Académie des Beaux-Arts, ce qui a certainement accéléré sa fin. On a prétendu que la véritable cause de sa décision brutale de ne plus s'alimenter, ou presque (un yaourt au soja par jour), a été d'apprendre qu'un expert roumain - un des trois spécialistes au monde de son œuvre - avait émis l'idée invraisemblable que cet autoportrait n'était qu'un moulage, à l'hilarité des deux autres. Dans l'aprés-midi même où fut annoncée sa mort, les scellés furent apposés sur la porte de l'atelier du boulevard Saint-Germain où se trouvait cette sculpture, parmi quelques autres de moindre intérêt, afin d'éviter qu'un des héritiers ne s'en empare sans attendre le règlement de la succession. Car l'animosité régnait, l'auteur n'ayant laissé aucun testament.
Son avocat, Roland Dumas, auquel il avait toujours porté une solide affection, trouva une excellente solution à la satisfaction de tous. Il prit contact avec le Conservateur en Chef du MoMA, qui avait vu le gisant vertical dans l'atelier du sculpteur, peu de temps avant sa mort, et avait fait connaître sa profonde admiration. Aprés consultation du conseil d'administration de musée - dont certains membres mirent en avant l'opinion de l'expert roumain, mais furent rapidement convaincus de l'inanité de cette thèse par un Conservateur en Chef sûr de lui et très éloquent - il fut décidé d'offrir aux héritiers de Jean-Louis Faure la somme coquette de un million deux cent mille dollars soit, pour chacun, trois cent mille dollars. La sculpture ne se trouvait pas depuis six mois admirablement présentée à New York, qu'un chercheur américain stupidement autorisé par la famille Faure à inventorier les archives du sculpteur, découvrit la facture du moulage et assura du même coup le triomphe de l'expert roumain et le dépit de ses collègues.
Sommés par le MoMA de rembourser, et incapables de s'exécuter, deux des héritiers s'enfuirent dans des pays d'où l'extradition était impossible. Les deux autres, plus économes, s'exécutèrent sans enthousiasme. La bonne foi de Roland Dumas ayant été établie malgré des doutes sérieux, il ne fut pas poursuivi. Le Conservateur en Chef, démissionné, enseigne maintenant dans une petite université du Middle West.


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